A l’état libre ou naturel, le cheval broute 15 à 16 heures par jour, c’est à dire entre 60% et 80% de son temps. Sa particularité est qu’il se déplace en mangeant. Il se passe 12 secondes entre deux pas et 30000 bouchées par minute. Le rythme de déplacement est donc plutôt tranquille !! Ce rythme est à mettre en relation avec une recherche de diversité alimentaire. Le cheval consomme environ une cinquantaine de types de plantes (herbes, pousses, arbres, feuilles, baies, plantes aquatiques, etc…).
Donc, lorsqu’un cheval vit au box et mange trois repas par jour, il se retrouve dans une situation de stress si nous ne pouvons pas lui proposer un foin varié qu’il va consommer en continu de manière à l’occuper au minimum 60% du temps. L’estomac d’un cheval se retrouve vide après deux ou trois heures de diète. Au bout d’une heure, un estomac vide va générer de l’inconfort, voire de la douleur lorsque les situations sont chroniques. Cela conduit petit à petit à des pathologies que l’on connaît bien comme les coliques et les ulcères gastriques. De même, un cheval qui vit au paddock avec le ventre vide ou dans un pré peu intéressant du point de vue de la variété des végétaux souffrira de problèmes du même type. | |
Comme nous l’avons dit plus haut, le cheval se déplace lentement en mangeant, et de temps en temps, il se met au trot. Les allures rapides sont liées à la fuite, le stress ou à un événement inhabituel (arrivée d’un nouvel élément, etc). D’autre part, il est intéressant de constater que les chevaux mâles jouent jusqu’à l’âge de 5 ans entre eux tant qu’ils vivent ensemble. Ensuite, ils se séparent pour constituer leur troupeau et restent les seuls mâles de leur groupe. Les juments adultes, elles ne jouent pas. Les mâles adultes n’ont donc plus de compagnons de jeu. On retrouve également ce type de comportement chez les hongres jusqu’à 5 ans. Si l’on voit des chevaux plus âgés jouer ainsi, ce sera généralement à l’initiative d’un élément du troupeau plus jeune. Ces situations de jeux chez les hongres réveilleraient donc des instincts naturels, biologiques…
De ce fait, cela amène à se poser certaines questions sur le jeu. Que penser des chevaux qui sont lâchés au paddock avec leurs congénères quelques heures par jour et qui jouent ou courent pendant des heures ? Le jeu ne serait-il pas l’expression d’une frustration, de l’évacuation d’un stress, d’une vie sociale restreinte ? Dans les groupes de chevaux constitués, la hiérarchie et la vie sociale est claire et rarement exprimée avec exubérance. Les signaux émis sont certes repérables mais discrets. Généralement, c’est en introduisant une ressource limitée que l’on identifie les plus dominants. Lorsque les chevaux ont peu de contacts physiques entre eux, il « discutent » pour établir le rôle social de chacun, jusqu’à ce qu’un ordre hiérarchique s’établisse… | |
Des études ont également été faites sur les comportements en relation avec le type de box dans lequel les chevaux vivent. Il faut vraiment prévoir un box de taille adapté où le cheval peut se coucher, voire se rouler, sinon l’animal ne pourra jamais se reposer complètement. Un cheval qui se sent bien se couche et se roule dans toutes les circonstances. S’il ne le fait pas, c’est qu’il ne se sent pas bien mentalement ou en danger.
Il est amusant de constater qu’en tant qu’humain, quitte à mettre un cheval au box, on se dit qu’un box avec vue sur l’extérieur où il peut voir ce qui l’entoure va être plus agréable pour lui qu’un box intérieur. Et bien non !! Les expérimentations ont montré que ces chevaux là sont plus atteints de comportements stéréotypiques (tic à l’ours, tic à l’appui, léchage de mur, baillement, comportements répétitifs, etc) que ceux qui vivent en box intérieur.
De la même manière, il est préférable que les chevaux voient leurs voisins de box en mettant des grilles entre chaque box. Quand on connaît la nature du cheval, ces résultats s’expliquent aisément. Voir l’extérieur sans pouvoir aller l’explorer ou fuir, voir d’autres chevaux sans pouvoir aller à leur rencontre sont autant de stimuli qui se transforment en frustration car il n’y a pas de possibilités d’action ni de mouvement. Ainsi, tout se passe comme s’il valait mieux être « enfermé qu’à moitié dehors » ! Le tic à l’ours serait ainsi une manière d’exprimer la frustration de l’impossibilité de mouvement… Au regard du développement des comportements stéréotypiques, on peut donc déduire de cette étude que la vie en box 23 heures sur 24 n’est pas adapté pour le cheval tout comme les repas fractionnés. | |
Pour les chevaux au box, le compromis est donc: un mix pré-box avec une alimentation variée à ingérer pendant 60 à 80% du temps.
Venons en au signes qui montrent que l’état dépressif existe aussi chez le cheval. Cela passe par une posture caractérisée: poids sur l’avant, indifférence à l’homme et aux stimulations diverses, fixité du regard. L’ensemble donne une impression dite de « posture figée ». Cette attitude est caractéristique d’un déficit attentionnel. Le cheval n’est pas dans une attitude propice à l’apprentissage que ce soit d’un point de vue équestre ou pour mettre en place un potentiel de réponses plus important en fonction des situations qu’ils rencontrent dans son environnement.
EVALUER LA FORME PHYSIQUE EN FONCTION DE LA POSTURE PHYSIQUE
Enfin, un autre signe intéressant, les chevaux ayant des problèmes vertébraux sont plus agressifs avec leurs congénères et l’humain. Bref le témoin d’une souffrance qui induit un caractère jugé désagréable !! De plus, ces mêmes chevaux ont une posture physique déterminée. Cela se retrouve chez beaucoup de chevaux montés régulièrement (études sur des chevaux de club et de loisirs) mais beaucoup moins sur les chevaux qui sortent occasionnellement et vivent au pré. L’attitude physique du cheval qui a des problèmes vertébraux est un dos plus plat avec une nuque – encolure creuse. Le cheval en forme est plus rond tant dans son dos et son arrière main que son encolure. Pour caricaturer ces deux images, le premier serait le pur sang qui manque d’état et le second, un poney de nature plus rustique. Evidemment, il convient de nuancer cette rondeur et cette platitude en fonction de la race de l’animal De plus, le cheval rond, sans problèmes de dos montre davantage d’attention et donc de meilleures disposition à l’apprentissage. | |
LE LIEN ENTRE LA RELATION A L’HOMME ET L’APPRENTISSAGE
Il est intéressant également de noter que chaque rencontre avec l’homme constitue une mémoire sur la qualité de la relation homme-cheval. D’où l’intérêt de commencer l’éducation tôt et sur de courtes durées. Par exemple, apprendre à un poulain à accepter les soins cinq minutes par jour va permettre d’établir une relation non invasive dès le départ. Dans le même ordre d’idée, des études ont montré que l’utilisation de techniques de renforcement positif par le biais d’une récompense alimentaire favorise une éducation plus rapide. De plus, cette approche génère des comportements où le cheval est moins enclin à utiliser la résistance. Ainsi, tout en renforçant la relation à l’homme, on y trouve un autre bénéfice: la sécurité…
LE LIEN ENTRE LA POSTURE PHYSIQUE ET LE TYPE D’EQUITATION PRATIQUEE
Il s’agit d’une continuité des faits énoncés ci-dessus. Les chevaux montés en club avec des mains hautes qui bougent sur des rênes courtes favorisent la posture du dos plat et de l’encolure creuse, et donc à terme, l’installation de problèmes vertébraux chroniques. De même, lorsque les chevaux subissent une équitation avec des aides peu subtiles, ils vont manifester leur « mauvaise humeur », voire leur inconfort (oreilles en arrière, fouaillement de queue, etc).
Des études ont également montré que si les chevaux qui travaillent ensemble vivent également ensemble, c’est à dire avec une hiérarchie établie, ils peuvent être montés « rênes longues » sans qu’il n’y ait de problème de règlements de comptes entre eux pendant les cours. Cette données est intéressante d’un point de vue sécuritaire notamment pour les écoles d’équitation, les particuliers qui randonnent en groupe avec leurs chevaux, les écuries de concours qui font voyager ensemble des chevaux…
Si l’on rajoute à une équitation inconfortable pour le cheval, un mode de vie inadapté aux besoins fondamentaux de l’espèce, on peut aisément comprendre que le cheval comme tout être vivant ne puisse s’épanouir et devienne désagréable, dépressif, malade, voire dangereux…