Nous traiterons ici de la compréhension du système digestif du cheval, et plus particulièrement de la digestion. Quelques chiffres sur le système digestif d’un cheval adulte : - œsophage : 1,15 à 1,50 mètres ;
- estomac : 8 à 15 litres ;
- intestin grêle : 22 mètres ;
- gros intestin : 8 mètres.
?La bouche et l’œsophage La digestion débute dès la mastication, où la nourriture est broyée et humidifiée de salive. Le cheval produit deux fois plus de salive pour manger du foin ou de l’herbe qu’un repas concentré. | | Si la mastication est la première étape digestive, il est évident que la dentition doit être régulièrement suivie par un dentiste équin afin de prévenir les problèmes bucaux-dentaires, et donc l’apparition de troubles alimentaires (difficultés à mâcher causées par x ou y raisons entraînant une perte de poids, etc.). L’œsophage joue le rôle d’ascenseur en remontant la nourriture vers l’estomac. Constitué pour se nourrir au sol, la distribution de concentré dans des mangeoires placées à hauteur est problématique pour le cheval parce qu’elle développe entre autres, l’atrophie des muscles œsophagiens et augmente le risque d’obstructions. L’estomac L’estomac est comme un gros sac, il se charge de liquéfier l’alimentation (il n’assimile pas les nutriments), et ne peut traiter qu’une petite quantité de nourriture à la fois : c’est la raison pour laquelle, chaque repas devrait être calculé en poids (et non en volume) et ne devrait pas excéder 1,8 kg pour un animal de 500 kg. La nourriture y reste en moyenne 15 min avant d’être poussée vers l’intestin grêle. Rappelons que le système digestif équin ne comporte pas de « start and stop », le cheval est donc dépourvu de vésicule biliaire et sécrète de la bile en continu (jusqu’à 34 litres d’acides gastriques par jour pour un cheval adulte). En conséquence, la privation de nourriture est un facteur aggravant d’ulcères gastriques. L’intestin grêle L’intestin grêle est composé du duodénum, du jéjunum, et l’iléon. La digestion commence véritablement lorsque les aliments liquéfiés par l’estomac arrivent dans l’intestin grêle lesquels transitent durant 60 à 90 minutes. Grâce aux enzymes secrétées par le pancréas, l’intestin grêle digère et assimile le sucre, l’amidon, les protéines, la graisse, les vitamines liposolubles (A, D, E et K), le calcium et le phosphore. La quantité de concentré, le type d’alimentation et le niveau d’activité physique sont des facteurs influents sur le transit de l’intestin grêle. L’intestin grêle a donc pour principal rôle de digérer et d’assimiler le sucre et l’amidon. En ce qui concerne le sucre, les besoins journaliers en glucides sont majoritairement couverts par l’herbe et le foin. Problème : les aliments industriels en contiennent également (jusqu’à 10%). Il y a un risque de surexposition au sucre et on constate aujourd’hui des chevaux de plus en plus sujets au surpoids et à l’obésité, atteints d’insulinorésistance ou de fourbure. Pour ce qui est de l’amidon, c’est un autre problème. L’amidon est un glucide complexe que l’on trouve majoritairement dans les céréales (l’avoine en contient 50%, le maïs 70%). Le problème réside dans sa digestibilité, car seule l’amylase parvient à l’assimiler, or le pancréas ne produit qu’une quantité limitée de cette enzyme. Ainsi, lorsque le seuil « d’amidon digestible » est dépassé, les grains non-digérés atteignent le gros intestin lequel n’est pas prévu pour les digérer. Cette perturbation augmente le risque de troubles digestifs (gaz, colique…) et de fourbure. Il est donc crucial de déterminer la nécessité réelle de la ration (en règle générale, seuls les athlètes sont concernés), de fractionner les repas et de fournir un régime adapté et personnalisé. Le gros intestin Le gros intestin est composé du caecum, du côlon ascendant, du côlon descendant et du rectum. Il sert de cuve de fermentation pour la digestion des fibres (dont l’intestin grêle est incapable) : c’est là que les aliments transitent le plus longtemps, de 36 à 48 heures. Les enzymes produites par les micro-organismes présents dans le gros intestin transforment les fibres en acides gras volatiles puis en énergie. Sans cette relation symbiotique avec ces micro-organismes, le cheval ne pourrait effectuer cette phase digestive (quid des vermicides qui tuent ces micro-organismes ?). L’eau est également assimilée par le gros intestin et se charge en même temps du bon passage des aliments (la déshydratation est donc facteur de colique). Les déchets produits sont conduits dans le côlon et sont transformés en boulettes fécales, évacuées ensuite par le rectum et l’anus. Les fibres sont digérées et assimilées par le gros intestin. Conclusion Nos stratégies alimentaires doivent être centrées sur la bonne compréhension du système digestif du cheval, notamment en privilégiant l’accès à un fourrage de qualité et en fournissant de petites quantités de concentrés (s’ils sont nécessaires : distribution au sol, voire dans un distributeur alimentaire type Pipolino). | | |